( C'est un texte assez... expérimental et lourd dirons-nous... et j'ai besoin de savoir les avis ^^" )
J’errai par delà la porte de marbre qui donnait sur un paysage plus que singulier, un paysage que nul homme ne pouvait voir un jour, du moins de son vivant. Le visage pâle, le visage grave, j’escaladai les durs rochers couleur pourpre qui me séparaient de ma triste route, ces âcres pierres qui me déchiraient lentement les mains d’où s’écoulaient un liquide chaud qui tapissait le sol d’une piste vermeille…
Je levai la tête pour contempler ce ciel si étrange qui s’étalait sous mes yeux comme la plus jolie des aquarelles : le vent dans mes cheveux chantonnait tristement une mélodie des plus nostalgique, qui se mariait à merveille avec cette vision des plus bucoliques et merveilleuses…oui, merveilleuses…
Déjà les premières étoiles étaient visibles, saluant de leur lueur rassurante les quelques rares personnes qui les regardaient : elles se reflétaient dans les eaux profondes, noires et froides du Styx, ponctuant ainsi la surface irrégulière du fleuve de quelques murmures de soleil afin de faire taire l’angoisse qui naissait lentement dans le cœur des voyageurs. Car déjà, Charon nous attendait, la main tendue prête à recevoir l’obole qui nous permettrait de quitter les tristes côtes grisâtres pour aller vers notre bonheur…
Ou notre perte.
L’embarcation doucement s’éloigna de cette terre ingrate et stérile qui se vit accueillir déjà tant de personnes… mais qui étions-nous ? Pierre ? Paul ? Jacques ? Le reflet si vain que me renvoyait l’encre du Styx ne m’inspirait que ce nom : Judas. Mais les airs terrifiés de mes compagnons devant le spectacle de la jumelle de leur figure signifiait sans doute qu’il en était de même pour chacun…
Nous lâchâmes le fil du temps, incapables de savoir combien de temps dura cette odyssée morbide : toutefois, quand nous arrivâmes sur l’autre rive, Erèbe avait déjà étalé son sombre voile sur le monde souterrain …
Commença alors ma marche, infinie et pénible, vers le Palais de celui qui était le seul en mesure de m’accorder ce que je voulais…
Mon Eurydice.
Ô nouvelle Eurydice.
***
« Douleur, tu fus ma seule compagne durant cette ascension, tiraillant de toute part les muscles de mon corps, déjà trop endoloris, déjà trop engourdis : mais mon regard et mon corps, rivés sur l’horizon, formaient un tel bloc que je ne pouvais fléchir…
Mais voilà, pourquoi te décidas-tu alors de t’attaquer à ce cœur qui ne demandait qu’à battre ? Tu l’étouffas de désespoir, jalousie, de rancœur, de tristesse, d’égoïsme, de paresse…
L’oiseau qui chantait si gaiement dans la cage d’une balle en plein vol fut abattu. The end. »
***
C’est en rampant de manière plus que misérable que jamais, comparable à celle qu’adopterait un mendiant mort de faim, que j’arrivais cependant sur les marches de marbres qui annonçaient la naissance de la demeure Royale. Je pris le long couloir, tout de tentures noires et grises revêtu, qui menait à la salle du trône où attendait le divin couple Royal…
Je me mis alors à genoux, instinctivement, les épaules tremblantes et les yeux pieusement rivés au sol, marque de respect… la peur m’étreignait avec plaisir de ses bras glaçés…
C’est alors que le Seigneur des Enfers, dans toute sa splendeur, se leva de son trône et ouvrit la bouche, d’où s’échappèrent calmement ces quelques paroles…
***
« Quoi ? Te voilà donc aux portes de mon Royaume fille de rien, grain de poussière affligeant, arrogant !? Ne t’ai-je pas assez répété qu’Eurydice, cette femme funeste, apporterait ton malheur ? Ah, Jeunesse, d’une candeur si fraîche, pourquoi te bornes-tu à suivre les chemins les plus inaccessibles où se t’attendent mille périls alors que devant toi se dessine une route déjà bien nette ? Tu veux repartir avec celle qui causera ta perte ? Fort bien, je n’ai été que trop prévenant envers toi, viens, approche, et souffre… »
***
Je m’approchais alors du miroir splendide que me présentait le Seigneur d’un geste de la main : la mienne se tendit aussitôt vers l’ombre qui se dessinait, précieusement, douloureusement…
Mon Eurydice …
Elle s’approche alors de moi, ombre de mon existence, et me prend la main dans la sienne pour la serrer doucement… et nous reprîmes alors la route vers la surface.
Je ne devais pas me retourner pour contempler la si belle figure que j’avais arraché des doigts osseux d’Hadès : dilemme terrible, duel acharné mais victoire impossible…
***
« Douleur, tu revins me hanter durant cette remontée, tiraillant de toute part les muscles de mon corps, déjà trop endoloris, déjà trop engourdis : mais mon regard et mon corps, rivés sur l’horizon, formaient un tel bloc que je ne pouvais fléchir…
Mais voilà, pourquoi te décidas-tu alors de t’attaquer à cette âme qui ne demandait qu’à assouvir son effroyable envie de détailler Eurydice ? Je sentais mon regard glisser dangereusement sur la fine silhouette qui derrière moi ne savait que faire et ne comprenait pas la situation qui se présentait. Et ce fut alors… une faux qui s’abattait sur un cœur bien décharné. The end. »
***
La main d’Eurydice se retira de la mienne et je la vis disparaître lentement dans les infinis abîmes, au travers des falaises qui se découpaient si méchamment sur les crêtes de cette terre…
Mon cri, bien que déchirant, ne fut pas à la hauteur de ce terrible sentiment acide qui doucement se mit alors à ronger ma poitrine…
Eurydice retrouvée, Eurydice perdue. Mon Espérance à jamais interdire à présent…
Sujet: La nouvelle Eurydice… 
