Eris contre Shisho : le duel Maître/esclave

Eris savait très bien qu'elle n'avait aucune chance. Elle n'était pas stupide. Seulement, elle refusait d'abandonner. Elle se battrait ; jusqu’au bout s’il le fallait.
Bien sûr, son Maître était beaucoup plus fort et, face à lui, elle perdait son principal atout qu’était la surprise. Seulement, elle devait faire ses preuves. Ne pas se laisse abattre et lui prouver sa valeur.
Au moins le lieu jouait-il en sa faveur. Le vieil entrepôt était plongé dans la pénombre et, s’il y avait une chose qu’Eris savait faire, c’était se cacher dans l’ombre. Seul une fenêtre cassée laissait passer le faisceau lumineux d’un réverbère. Les deux combattants se tenaient au centre du cercle de lumière.
Et puis, malgré ses pouvoirs, il était impossible à Shisho de déterminer le moment exact où elle se transformerait. Elle possédait là une carte qu’il ne lui faudrait pas négliger.
Plissant les yeux à la manière d’un félin, la créature sembla jauger son Maître, qu’elle connaissait pourtant par cœur.
En réalité, elle réfléchissait. Elle ne ferait pas l’erreur de l’attaquer de front la première. Non, elle attendrait.
D’une démarche sensuelle et entêtante, espérant fixer le regard de Shizumu Sho sur ses hanches ondulantes, elle commença à tourner autour de lui, attendant l’assaut.
Elle garderait sa forme humaine jusqu’au dernier moment.
Son seul espoir était d’attendre. D’éviter les coups, de frapper un peu mais de s’économiser. Si elle avait une infime chance de ne pas perdre, c’était sur la longueur.
Ses principales avantages seraient sa vitesse et son endurance. Sa force surhumaine aussi lui servirait mais cela, uniquement pour le déstabiliser. Il ne fallait surtout pas qu’elle se fatigue à courir dans tous les sens. Sa capacité à se régénérer, et donc à faire durer le combat, en dépendait.
L’obscurité était une amie. Se glisser dans les ténèbres au moindre coup. Puis ressortir en pleine lumière, frapper fort, reculer. Parer les attaques, ne pas se laisser toucher.
Et surtout, guetter. Guetter la moindre petite erreur, le moindre faux pas. Pour fondre sur lui, tel un éclair, et prendre le dessus.
La chimère ne se faisait pas d’illusions. Il comprendrait très vite et ferait tout pour la faire échouer. Sa tactique était hasardeuse. Cela signifiait n’attaquer presque jamais et toujours par surprise. Cela signifiait laisser du temps à l’adversaire pour préparer ses coups. C’était un pari risqué et Eris savait à quel point le Démon du Vent pouvait se montrer dangereux.
Mais elle n’avait pas le choix. Et seul l’avenir pourrait la renseigner sur la marche à suivre …

(quel suspense ! buuuuh alors... petit extrait de BIIP... mdr^^)

- Eris... tu veux m'en empêcher ? Tu veux me bloquer ?

Il se mit en garde, déployant ses ailes.

- Dans ce cas... je n'ai pas le choix. Je suis désolé.

Il s'envola, sachant très bien le combat qui allait s'ensuivre.
Personne ne connaissait Eris aussi bien que lui.
Personne ne le connaissait aussi bien qu'Eris.
Ainsi, il savait qu'elle ne pouvait voler, mais, qu'en revanche, elle voyait parfaitement bien dans le noir ; elle était nyctalope (Non, Eris n'est pas une salope !!! XD **sors**).
Pourquoi étaient-ils dans l'obscurité, au fait ?... A cause de cet entrepôt... Donc, ils devaient en sortir pour cela...
Il sortit dehors, attendant la femme féline... elle viendrait, il le savait... parce que si elle ne venait pas, lui s'en irait.
Aussi, créa-t-il des courants de vents contraires autour de lui, de manière à créer un bouclier de vent... très efficace, et, surtout, très perturbant...

(NUL ! T_____T)

(J’espère ne pas avoir déjouer trop facilement tes pièges. Je te laisse décider si tu es blessé et si tu m’as blessé.)

Tapie dans le noir, aux aguets, Eris attendait. Elle avait trouvé refuge derrière une plaque de métal rouillée.
Son Maître l’apostropha d’une voix claire. Et quelle voix ! Quoiqu’elle dise, elle avait le mystérieux pouvoir de faire frémir la chimère.
Plaquée contre le métal froid de son refuge, elle entendit le frôlement discret de deux ailes qui se déploient.
Au moment où Shizumu Sho s’envolait, elle poussa un feulement inhumain retenu. Elle n’avait même pas eu l’occasion de mettre sa tactique en place !
Elle allait devoir changer …

Se relevant, elle se dirigea d’un pas souple et tranquille vers l’extérieur.
La nuit était sombre mais son Maître s’était arrêté sous la lumière blafarde d’un réverbère.
Eris s’approcha d’une démarche chaloupée. Elle ne l’aurait pas par surprise … Alors autant tenter une attaque de front pour le déstabiliser !
Elle s’arrêta à environ dix mètres, posant son regard de braise sur lui.
Tels ceux d’un chat, ses yeux reflétaient la lumière, brillant d’un éclat particulier.

Elle eut un demi-sourire en sentant un courant d’air arriver jusqu’à elle. Voilà qui la freinerait encore plus …
Elle se mit à marcher de long en large, le regard toujours fixé sur son adversaire et veillant à rester à la même distance de lui afin de ne pas être touchée par son pouvoir. Se mordillant la lèvre sensuellement, Eris commença à réfléchir.
Il la connaissait trop bien … Dans un premier temps, elle se demanda ce qu’elle n’aurait jamais fait, pour réussir à la surprendre. Puis, elle se dit qu’il s’attendrait à cela plus qu’à autre chose. Qu’elle tente de le surprendre …
Il fallait, au contraire, ce qu’elle aurait fait dans tout autre combat.

Alors, elle s’élança. Elle courut vers lui puis effectua une roue parfaite. Lorsque ses deux pieds touchèrent le sol, son corps s’était transfiguré : ses muscles avaient gonflé, son faciès s’était fait étrange mélange d’humain et d’animal, d’immenses griffes sortaient de ses poings fermés.

Profitant de son inertie et de la force incroyable de ses nouveaux muscles, Eris bondit sur le Démon. Le mur de vent qu’il avait érigé la freina mais ne l’empêcha pas de lui décocher un violent coup de griffe. Sa connaissance parfaite de son Maître lui avait permis de faire en sorte de ne pas trop être dérivée par les vents contraires. Néanmoins, elle avait tout de même dû se décider à frapper plus bas que prévu et ne pouvait guère espérer toucher autre chose que son torse alors qu’elle visait, à la base, son cou.
Sans prendre le temps de vérifier si ses pointes mortelles avaient atteintes leur but, la chimère, entraînée par le souffle puissant se laissa glisser sur le sol, le corps contre le goudron froid, les muscles complètement fléchies dans une position de repli, ses longues griffes s’attachant au sol pour la ralentir.
Elle parvint enfin à s’arrêter et, réagissant avec une rapidité extrême, se transforma. Son corps se fit frêle et se recouvra de fourrure. Elle ne laissa guère le temps à son Maître de répliquer et disparut dans la nuit.

Mais ce n’était pas fini. Elle ne pouvait pas s’arrêter là …

Son apparence lui permit de se camoufler jusqu’au dernier moment lorsqu’elle plongea une seconde fois sur Shizumu Sho.
Mais le tourbillon de vent entraîna trop brusquement son corps si léger et elle se retrouva aux pieds de son Maître. Sa transformation fut quasiment immédiate et une tonne de muscles, de poils, de griffes et de crocs plongea sur le démon, tout en sachant qu’elle avait peu de chance de réussir à le blesser.

Un cri rauque sortit de la gorge de l’animal lorsqu’il s’abattit de tout son poids.
Quelques secondes plus tard, il s’était écarté du danger, haletant, se laissant quelques précieuses minutes de répit pour vérifier qu’il n’était pas blessé.

Une envie de sang monta au cerveau de la créature et son regard se fit meurtrier.
Un mélange de brutalité et de beauté se lisait sur son corps arqué, en position de combat.

Au milieu des pensées confuses de violence qui envahissait l’esprit de ce qui était, à présent, plus une bête qu’autre chose, une phrase vive comme l’éclair s’imposa d’une netteté trop incroyable pour être autre chose que la manifestation de l’Eris sensée et dotée d’une intelligence certaine.

*C’est à vous de jouer, Maître …*

Ô fleur enchanteresse, toi l'Ange parmi les anges, toi de qui la lumière divine s'échappe, enfant de Dieu Tout Puissant...
Ô toi l'Archange au front divin, toi l'Être déchu parmi les Déchus, toi, l'Étoile sublime du matin...
Je suis ton serviteur éternelle, Ange sacrifié, immole pour ta noble cause...
Je suis l'Être fils des Quatres Vents, l'Intangible immortel, le Mortel ennemi...

Un bruit. Un froisssement, sur la gauche. Sho regarda. Ca ne pouvait être qu'Eris. Qu'allait-elle tenter ? Une simple perçée ? Une attaque plus ingénieuse ? Rien n'était complètement prévisible à l'avance. Surtout avec Eris : elle disposait d'une nitelligence largement suffisamment élevée pour inventer diverses stratégies. Et puis, le fait qu'il la connaissait était bien sûr un avantage, mais pourrait devenir également un inconvénient, s'il se reposait trop dessus. Il ne devait, somme toute, que se baser sur les caractéristiques d'Eris : sa grande force, son intelligence élevée, et sa vitesse, plutôt considérable...

Il vit Eris s'approcher. C'était un assaut frontal. Rapidement, il bougea, laissant probablement le mirage à Eris de sa silhouette... l'attaque de la mi-femme arriva légèrement trop tard.

Toujours dans les airs, Sho essaya de repérer la femme... nno... il ne pourrait pas le faire avec une vision normale...
Ses paupières se fermèrent à demi. On aurait dit qu'il luttait contre le sommeil. Ce qui, évidemment, n'était pas le cas, ici.

Ses paupières se fermèrent.
Instantanément, il sentit une transformation s'opérer en lui ; comme pour combler l'absence de cette vue, son sens du toucher se développa à l'extrème : il sentait les vents le toucher, mais, aussi, tout ce que les vents touchaient dans une zone de vingt mètres, environ... Ainsi, il voyait tout ; des grands arbres encadrant la clairière où ils combattaient, à l'entrepôt, duquel ils venaient de sortir, et, également, le sol, situé à une dizaine de mètre plus bas. Aucune trace d'Eris. Probablement était-elle plus loin... Cette vision, quoique beaucoup plus efficace, avait également son prix : une concentration extrème. Pouvoir être capable de repérer tous les détails...

Néanmoins, pendant le léger temps qu'avait duré cette préparation, Eris s'était avançée jusquà lui. Par conséquent, elle se heurta à son mur de vent, et, cette fois, valsa à terre. Sho descendit en piqué. Eris, soudain, prit sa forme la plus puissante, et fondit sur le Démon.
Celui-ci, ne pouvant ralentir ni faire demi-tour, décida de faire face, avec son épée...
Quelques instants plus tard, les deux combattants se séparaient, avec une trace de morsure, à l'épaule, sur Sho, et une longue balâfre, encore sanglante - quoique plutôt légère - parcourant le torse d'Eris.

*C’est à vous de jouer, Maître …*

Cette pensée surprit Sho. Non pas par son contenu, mais par le fait qu'il la reçevait... cela était déjà arrivé, lorsqu'Eris avait de fortes pensées le concernant, mais en plein combat, l'entendre penser cela, c'était... déroutant.

Le Démon du Vent sourit. Il ne jouait pas...
Il déploya ses ailes. On ne voyait pas leur teinte, dans la nuit. Sho s'envola.

Il usait toujours de sa deuxième vision... il sentait Eris, tapie dans l'ombre. Peut-être même appartenait-elle réellement aux ombres.

Il leva son épée, et sa main droite, libre, tendue vers Eris. Des Vents contraires l'entourèrent. Suffisamment pour la ralentir quelques secondes.
Enfin, le Démon s'élança, tandis que, toujours de sa main droite, il enveloppait son épée blanche d'un halo luminescent, mais qui, bizarrement, ne dégageait de la lumière que sur l'épée, et, d'un trait, jusqu'à Eris.

La femme, alors, dut, certainement, sentir un vent doux, agréable, comme une brise légère, se poser sur elle, l'envelopper doucement... avec une tendresse qu'elle n'avait jamais connu.

* Pour toi, ce sera... *

Sho était juste devant Eris. Il leva son épée, tandis que le vent, toujours aussi doux, soporifique, même, l'enveloppait toujours. Oui, c'est cela, soporifique, comme une neutralisation de toute méfiance, de toute prudence, de toute résistance.
L'épée se leva, se dirigeant vers le coeur de la Déesse du Chaos.

- ... zéphyr...

Eris souffla légèrement, tapie sous son un buisson touffu.
Elle savait que son Maître ne tarderait pas trop à la retrouver mais ce court laps de temps lui permit de se régénérer et la longue marque de l’épée, cuisante, s’effaça d’elle-même.
Elle n’eut pas à attendre longtemps …
Plongé dans un état second, elle percevait l’aura de Shizumu Sho et tentait d’en assimiler chaque parcelle, chaque changement. Cela lui permit de comprendre qu’il faisait preuve d’une concentration extrême. La chimère ne mit pas longtemps à deviner ce qu’il faisait et s’enfonça dans les taillis, rendant plus difficile l’accès du vent sur elle.

Sentant qu’il l’avait perçue, elle jaillit hors de sa cachette dans un bond prodigieux. Elle avait pris son apparence de fauve et ses yeux luisaient d’une lueur inquiétante.
Elle contempla un instant le Démon, face à elle puis sentit une légère torpeur l’envahir.
Un vent doux et frais balayait son visage et, inconsciemment, la chimère se transforma.
Ses paupières devenaient de plus en plus lourdes et elle devait lutter contre le sommeil.
Un instant, son esprit s’égara dans le monde des rêves, bercé par la douce lumière qui émanait de l’arme du Démon.

La chimère commençait à ronronner lorsqu’un léger sifflement se fit entendre.
S’accrochant éperdument à ses cinq sens, la chimère sentit l’odeur forte de l’extérieur et celle, plus fine de son Maître.
Cela sembla durer une éternité pour elle mais son combat s’acheva très vite et, au moment où l’épée s’abattait sur son cœur, les pattes arrières de la féline se détendirent.
La lame lui taillada l’épaule, à une dizaine de centimètre de sa poitrine et la chimère s’éleva dans les airs.

De grands arbres élançaient leurs branches menaçantes dans la nuit et Eris n’eut aucun mal à diriger son saut vers eux. Attrapant une branche dans ses paumes humaines, elle freina son bond en traversant le feuillage et resta agrippée, hors d’haleine, à la cime de l’arbre.
La blessure se referma plus difficilement que la précédente et le sang continua à couler des multiples estafilades qui avaient entaillé sa peau lorsqu’elle avait foncé sur le bois dur et acéré.

De sa position, elle surplombait son adversaire qui était redescendu pour l’attaquer.
Sans attendre plus longtemps, elle sauta sur lui, se transformant dans les airs. Son corps de femme fendit les vents qui n’étaient plus que des murmures depuis que Shizumu Sho les avait arrêtés et son plongeon se termina dans le dos de son Maître.
Eris roula avec lui sur le sol dans un entrelacs de griffes et de plumes et tenta désespérément de lui taillader les ailes. Dans un dernier sursaut, elle mordit violemment le Démon à la main et sentit le goût ferreux du sang dans sa gueule.

Rompant le combat, elle s’éloigna en quelques bonds mais, au lieu de se cacher, se redressa, face à lui.
Son faciès, bien qu’humain, avait des expressions félines et son regard semblait transpercer la nuit.
Elle resta à bonnes distances, le corps tendu, les poings serrés, en avant, brandissant ses griffes.
Calmement, elle attendit alors une nouvelle attaque …